"Les centres de SSR, lieux privilégiés pour l'éducation thérapeutique" Dr Frédéric Sanguignol

Dr Frédéric Sanguignol, secrétaire général de la Société d’Éducation Thérapeutique Européenne

Secrétaire général de la Société d’Éducation Thérapeutique Européenne et vice président de la CSSR-FHP, le Dr Sanguignol nous alerte sur la nécessité de développer les programmes d’éducation thérapeutique en France. Il revient sur l’apport des SSR en la matière, à travers l'exemple de la clinique du Château de Vernhes (Haute-Garonne), qu'il dirige. 

L’éducation thérapeutique va-t-elle se développer dans les années à venir ? 

Nous sommes confrontés à un véritable problème de santé publique : le développement continu des pathologies chroniques, et des patients ayant de grandes difficultés d’accès aux programmes d’éducation thérapeutique (ETP).

Développer ces prises en charge au sein des structures hospitalières impose un large travail de formation des soignants. Mais la France connaît un grave déficit en la matière. Les écoles d’infirmières ont déjà intégré l’éducation thérapeutique dans leurs programmes d’études, ce qui n’est pas le cas de toutes les facultés de Médecine ! Pourtant, l’ETP est un soin à part entière qui nécessite un véritable apprentissage et qui, de fait, doit s’intégrer aux formations initiales médicales et paramédicales.

La réponse à l’accroissement des pathologies chroniques passe aussi par une forte collaboration entre les différents établissements hospitaliers et les structures de SSR et de proximité qui développent des programmes d’éducation thérapeutique. La clinique du Château de Vernhes a mis en place une collaboration depuis plus de 20 ans avec le Centre hospitalier universitaire (CHU) de Toulouse. Ce dernier procède à l’évaluation des patients avant de nous les adresser pour entreprendre une ETP complète et personnalisée. Nous travaillons également en lien avec des structures de proximité en leur offrant notre savoir-faire en la matière. 

L’éducation thérapeutique est-elle considérée à sa juste valeur par les pouvoirs publics ?

La reconnaissance de l’ETP dans le droit français, par la loi HPST (Hôpital patients, santé, territoires), constitue une avancée majeure. Il était temps ! Les apports de l’ETP, tant pour le patient que pour le système de santé dans sa globalité, sont démontrés depuis bien longtemps.

Plusieurs cliniques de SSR investissent largement dans ces prises en charge. Nous avons ainsi obtenu que les établissements de SSR dont les programmes ont été autorisés par les ARS avant le 1er mars 2011 reçoivent des financements spécifiques au titre de leurs missions d’intérêt général (MIGAC). Aujourd’hui, plus de 150 programmes d’ETP sont assurés au sein des centres de SSR publics et privés. Cette juste valorisation de la filière dans la lutte contre les maladies chroniques constitue une grande avancée.

La Confédération des SSR reste cependant très vigilante quant à l’octroi des nouveaux programmes d’ETP et à leur juste reconnaissance en termes de moyens. Les maladies chroniques par leur nature même ne seront significativement maîtrisées que si les prises en charge sont maintenues dans le temps au sein de la population.

Qu’apportent les centres de SSR en termes d’éducation thérapeutique?

Au regard de leurs missions de base (autonomie et réinsertion des patients) les structures de SSR ont toujours suivi une logique d’éducation thérapeutique. Leurs durées d’hospitalisation et leurs modes de prise en charge en font des lieux privilégiés des actions et/ou des programmes d’éducation thérapeutique, tels qu’ils sont autorisés par les agences régionales de santé. Nous sommes en effet les seules structures hospitalières à assurer des prises en charge de 3 à 4 semaines, période nécessaire à l’apprentissage efficace de l’autonomie vis-à-vis de la maladie. L’approche globale et pluridisciplinaire de chaque patient ne peut qu’optimiser nos programmes d’éducation thérapeutique.

Enfin, dans un contexte de médecine de plus en plus technique et spécialisée, l’éducation thérapeutique marque le retour vers une médecine plus humaniste. Elle inscrit les structures de SSR dans la prise en charge de demain, à « 4P » : préventive, prédictive, personnalisée et participative.