Les SSR : pivot du système hospitalier français

 

L’engorgement des services de soins représente aujourd’hui une menace permanente, tant pour la santé immédiate des patients que pour la pérennité de nombreux établissements hospitaliers. L’un des principaux enjeux de notre système de santé réside donc dans sa capacité à fluidifier les différents parcours de soins des patients. Un défi relevé en grande partie grâce aux établissements de Soins de Suite et de Réadaptation.

 

SSR : une étape cruciale pour le retour à l’autonomie

Suite aux interventions chirurgicales, ou encore en raison de l’évolution inexorable du nombre de patients atteints de maladies chroniques, les établissements de court séjour (Médecine-Chirurgie) doivent trouver une solution rapide de prise en charge pour de nombreux patients. L’objectif est de libérer rapidement leurs lits pour éviter tout engorgement de leurs services. Dans un état de santé souvent non stabilisés, ces patients sont donc accueillis au sein d’établissements capables d’assurer leur retour à l’autonomie : les établissements de Soins de Suite et de Réadaptation.

Conformément à leurs missions, ces établissements sanitaires vont alors poursuivre les soins médicaux au patient et assurer des prises en charge globales de rééducation et de réadaptation, prenant en compte toutes les dimensions de la personne et de son environnement, dans un objectif final de réinsertion. Afin de lui garantir une réelle autonomie, dans sa vie familiale, sociale et professionnelle, les établissements vont le rapprocher au maximum des conditions de vie qui précédaient son séjour hospitalier.

La position des établissements de SSR, entre soins de courte durée et retour à domicile, unité de soins de longue durée (USLD) ou secteur médico-social, leur confère une mission clé. Ils constituent donc aujourd’hui un véritable pivot du système hospitalier français, en jouant un rôle majeur et indispensable dans la fluidification de la chaîne de soins et la réinsertion des patients.

Au cœur de la chaîne de soins

À l’échelle locale, les établissements de court séjour et les cliniques de SSR fonctionnent le plus souvent de manière coordonnée, afin de rendre le parcours de soins du patient le plus optimal possible et faciliter son transfert d’un établissement à l’autre. Les cliniques de SSR comptent d’ailleurs aujourd’hui de nombreux patients qui proviennent des hôpitaux publics.  « Ma structure de SSR travaille en continu avec trois autres établissements de MCO dans la région, deux privés et un public », explique Béatrice Bon Bétend, présidente de la Clinique SSR du Château de Bon Attrait (Rhône-Alpes).

Pour améliorer la fluidité du parcours du patient, faciliter la coordination territoriale et le rapprochement entre établissements, des outils d’aide à l’orientation ont été développés au sein de plusieurs régions (lire notre article sur les outils d’aide à l’orientation). Le ROR (Répertoire Opérationnel des Ressources) et le programme Trajectoire permettent ainsi d’aider les établissements de court séjour à identifier les prises en charge de SSR les plus adaptées à chacun de leurs patients. En pratique, ces plateformes informatiques intègrent un certain nombre de critères liés à la nature des soins proposés par les établissements de SSR ou à leur situation géographique.

Ils apportent « une véritable fiabilité et une traçabilité pour chaque dossier de patients »  souligne par ailleurs Mme Bon Bétend. Après une phase d’expérimentation menée au sein de certaines régions pilotes, ces outils devraient être amenés à se généraliser progressivement à l’échelle nationale, dans le cadre de la conformité liée aux nouvelles autorisations d’activité SSR et de la mise en place des futurs SROS PRS.

La mise en place de ces outils nécessite néanmoins « un travail de longue haleine », estime le Dr Viudes, directeur de l’ORU PACA (lire son interview). Par ailleurs, elle n’est pas sans entrainer certaines inquiétudes pour d’autres responsables de cliniques SSR privées (lire notre article sur les outils d’aide à l’orientation).

Des pôles sanitaires de référence

Cette synergie entre les différents acteurs de la filière de soins est d’autant plus cruciale pour la fluidité de notre système de santé que les SSR sont sollicités de plus en plus fréquemment. Entre 2007 et 2008, le nombre d’entrées en SSR (hospitalisation complète) a ainsi augmenté de 2,4% pour se rapprocher du million tandis que le nombre de venues (hospitalisation partielle) a dépassé la barre des 2 millions soit une augmentation de près de 9% !

Ce phénomène s’explique en premier lieu par l’allongement de l’espérance de vie, entraînant notamment le développement des maladies chroniques. Mais il est surtout dû à l’évolution des techniques opératoires, qui a eu pour effet de réduire la durée d’hospitalisation des patients en court séjour et donc d’accroître la nécessité de structures d’aval.

Face à des pathologies de plus en plus lourdes, les SSR ont su évoluer et s’adapter au fur et à mesure. Ils ont ainsi renforcé leur personnel, spécialisé ou non, qui est régulièrement formé, ainsi que leurs équipements et plateaux techniques, qui sont de plus en plus sophistiqués.

Si les SSR polyvalents constituent actuellement le socle commun de la très grande majorité des établissements de SSR, ces derniers, très diversifiés, peuvent également accueillir des patients dont la prise en charge est spécialisée ou particulièrement complexe. C’est le cas par exemple des patients paraplégiques, des grands brûlés ou encore des personnes âgées atteintes de polypathologies, des lourds accidentés de la route ou de la vie.

Assurant des prises en charge de qualité, les SSR se sont adaptés aux besoins sanitaires de la population, constituant ainsi des centres de référence spécialisés et de proximité pour les patients. Ils permettent d’assurer efficacement un rôle régulateur, aujourd’hui indispensable à notre système de santé.