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Les centres de soins de suite et de réadaptation interviennent à un moment clef dans la vie du patient, bien souvent suite à un grave accident de santé. Au-delà de son autonomie physique, c’est toute sa capacité à se réinsérer socialement et professionnellement qui se joue. Éclairages au sein d’établissements où se construisent chaque jour de nouveaux projets de vie.
Clinique Saint-Martin, à Marseille. Le Dr. Marie-Françoise Chapuis, chef du service des blessés médullaires, fait un point d’étape avec Eric, l’un de ses patients. À 33 ans, ce passionné de sport était promis à un brillant avenir de chef chez Ducasse. Suite à un accident de voiture, il devient tétraplégique. Comme lui, de nombreux patients ont vu leur vie basculer brutalement avant d’être pris en charge en centres de SSR. Et personne ne semble échapper à ces drames. « Nous traitons aussi bien des jeunes adolescents de 16 ans suite à un accident de scooter que des individus âgés de plus de 70 ans, victime d’une grave chute après avoir voulu tailler une haie », affirme le Dr Isambert, médecin coordonnateur au sein de la clinique du Normandy, à Granville.
Vivre avec son handicap
Pour les équipes soignantes, la première étape va consister à assurer la réadaptation du patient. L’objectif est de trouver avec lui les meilleurs moyens pour qu’il puisse vivre de manière autonome malgré son handicap. C’est donc l’environnement de l’individu au sens large qui est pris en compte. « Nous faisons intervenir toutes les disciplines nécessaires pour contourner tous les aspects du handicap », explique Joëlle Burot, responsable du pôle d’insertion de la clinique Saint-Martin. Ainsi, au sein d’équipes pluridisciplinaires, au-delà du travail du kinésithérapeute et du psychomotricien, l’ergothérapeute va apprendre au patient à réintégrer les gestes de la vie quotidienne. Ceux qui lui permettront par exemple de pouvoir manger seul ou de s’habiller sans assistance. Pour assurer au patient une transition optimale avec le retour au domicile, certains établissements utilisent des appartements thérapeutiques automatisés, qui permettent un diagnostic grandeur nature.
Mais l’intervention des équipes de SSR ne se limite pas au simple cadre de l’établissement hospitalier. « Nous allons directement au domicile du patient pour évaluer les difficultés qu’il peut rencontrer et déterminer les aménagements architecturaux qui lui permettront de rester autonome », explique Jérôme Desrousseaux, ergothérapeute. « Nous jouons également un rôle essentiel dans le choix du fauteuil roulant ou dans la confection d’orthèses sur mesure ». Les différents modes de transports du patient sont également pensés au sein des établissements de SSR, dont plusieurs possèdent des simulateurs de conduite. « Pour réapprendre à conduire, nous pouvons également mobiliser un ophtalmologue qui, en lien avec un ergonome, préconisera les aménagements nécessaires à effectuer au sein du véhicule », détaille Joëlle Burot.
Au-delà de la simple réadaptation physique, tout est donc mis en place pour accompagner le patient dans sa nouvelle vie. « Nous agissons en mobilisant précocement les patients. Dès le début de la prise en charge, il s’agit de penser plus loin que l’hospitalisation », affirme le Dr Isambert. Car pour nombre d’entre eux, c’est bien souvent à la sortie du centre hospitalier que le plus dur est à venir.
Reprendre pied dans la vie sociale et professionnelle
« Il était important pour moi de garder un pied dans la vie professionnelle ou, au moins, de participer à la vie sociale » explique Bruno. Ancien champion de VTT et professeur de physique, il est victime d’une grave chute lors d’une course. Durant 6 mois, il lutte contre la mort. Il deviendra tétraplégique, perdant l’usage de ses jambes et de l’un de ses bras. En parallèle de sa réadaptation au sein de la clinique Saint-Martin, il est pris en charge par le pôle d’insertion socioprofessionnel de l’établissement, qui lui permet de trouver les solutions pour reprendre son activité professionnelle. Il lui était devenu impossible de continuer à écrire sur un tableau dans le cadre de ses cours. L’équipe soignante a trouvé un tableau interactif et a vérifié sur place que Bruno pouvait utiliser les commandes de ce dispositif, avec un stylet graphique qui lui permet d’écrire sur une petite tablette. Il peut aujourd’hui continuer à enseigner auprès de ses élèves, comme il le faisait avant son accident.
Pour d’autres patients, la reprise de leur ancien métier s’avère impossible. Les soignants vont alors les accompagner dans une démarche de réorientation professionnelle. C’est le cas de l’équipe qui a pris en charge Marc, ancien ouvrier victime d’un accident de la route. Suite à plusieurs tests effectués, les assistantes sociales ont ciblé avec lui les nouveaux métiers qu’il pouvait pratiquer. Une formation professionnelle lui a ainsi été obtenue en informatique.
Un travail conjoint avec les employeurs
« Au sein de notre service social, nous avons une chargée d’emploi qui connaît très bien le marché du travail de la région et le monde de l’entreprise. Elle définit les postes les plus adaptés aux patients grâce à une série de tests et leur permet d’obtenir les formations nécessaires », explique le Dr Isambert.
Là aussi, les équipes de SSR vont intervenir directement sur le futur lieu de travail du patient pour effectuer des aménagements techniques. « Nous trouvons également les réponses au handicap de nos patients dans l’organisation même de leur travail et les horaires à mettre en place. Nous travaillons de manière conjointe avec les employeurs et les services de médecine du travail », précise Joëlle Burot. « Une fois que les patients sortent de notre établissement, nous assurons un suivi qui peut aller jusqu’à deux ans ».
Un fort soutien psychologique
Un appui également nécessaire pour les patients qui n’ont pas encore commencé à travailler. « Nous avons pris en charge un étudiant en médecine qui, après un accident, a du se réorienter. Nous avons déterminé un cursus universitaire adapté à sa situation, en faculté de physique-chimie. Puis nous l’avons aidé à trouver et obtenir une chambre adaptée à une mobilité réduite », explique Joëlle Burot.
Ces différents processus de réinsertion trouvent également leur efficacité à travers un fort soutient psychologique auprès des patients qui en ont le plus besoin. « Pour que la prise en charge soit réussie, il faut dans un premier temps que le patient accepte son handicap puis qu’il puisse se projeter dans sa nouvelle vie », affirme Karine, psychologue en centre de SSR. À ce titre, la présence de la famille est primordiale. Celle-ci est donc totalement intégrée dans le processus de réinsertion par les équipes soignantes.
Un ensemble de pratiques et d'expertises qui, mises en place de manière globale et coordonnée au sein des établissements de SSR, permettent aux patients de reprendre le fil de leur vie malgré leur handicap.